Dans le passé, l’éducation à la sexualité mettait l’accent sur la réduction des risques sexuels et portait principalement sur les comportements « appropriés ». Les discours sur le plaisir, le désir et l’expérience sexuelle vécue étaient largement absents. L’approche par le plaisir, l’approche triangulaire ou encore l’approche « sexe-positive » sont des termes utilisés de manière interchangeable pour définir une l’approche de l’éducation et de l’information sur la sexualité différente de l’approche fondée sur les risques.
Comme son nom l’indique, cette approche met l’accent sur les risques et la prévention des conséquences négatives de l’activité sexuelle. L’approche par le plaisir reconnaît que les jeunes sont des êtres vivants sexuels, qui veulent faire l’expérience de l’amour, de la sexualité et des relations de manière plaisante et sûre à la fois. Ainsi, l’éducation et l’information sur la sexualité qui emploient l’approche par le plaisir traitent de l’expérience sexuelle et du plaisir sous tous leurs aspects, et pas uniquement des sujets liés à la réduction des risques en matière de santé sexuelle. Ce concept a été décrit en détail et adopté par différentes organisations, telles que le Global Advisory Board (GAB) for Sexual Health and Wellbeing (Comité consultatif mondial pour la santé et le bien-être sexuels) et The Pleasure Project.

Trois éléments sont associés pour former l’approche triangulaire : la santé sexuelle, les droits sexuels et le plaisir sexuel. L’approche triangulaire est un cadre conceptuel conçu par le GAB pour renforcer la mise en œuvre de politiques et de programmes en matière de SDSR. Il est crucial d’aborder chacun de ses éléments afin de pouvoir assurer une approche positive de la sexualité dans les interventions de SDSR. Pour une compréhension commune, il est important de donner une définition de la santé sexuelle, des droits sexuels et du plaisir sexuel.
Santé sexuelle
D’après l’OMS, « la santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et sociétal relié à la sexualité.Elle ne saurait être réduite à l’absence de maladies, de dysfonctions ou d’infirmités. La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences plaisantes et sécuritaires, sans coercition, discrimination et violence. Afin d’atteindre et de maintenir la santé sexuelle, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et assurés. » (Définition de travail, OMS, 2006a.)
Droits sexuels
L’exercice responsable des droits humains veut que toute personne se doive de respecter les droits d’autrui. L’application des droits humains existants à la sexualité et à la santé sexuelle constitue les droits sexuels. Les droits sexuels protègent le droit de toute personne d’accomplir et d’exprimer sa sexualité, ainsi que de jouir d’une bonne santé sexuelle, dans le respect des droits d’autrui, et dans un cadre de protection contre la discrimination. (Définition de travail, OMS, 2006s, mise à jour en 2010.)
Plaisir sexuel
Selon le GAB, « le plaisir sexuel est la satisfaction physique et/ou psychologique et le plaisir retirés d’expériences érotiques solitaires ou partagées, y compris des pensées, des rêves et de l’autoérotisme. L’autodétermination, le consentement, la sécurité, l’intimité, la confiance et la capacité de communiquer et de négocier les relations sexuelles sont des facteurs clés permettant au plaisir de contribuer à la santé sexuelle et au bien-être. »
Ces trois éléments — à savoir la santé sexuelle, les droits sexuels et le plaisir sexuel — ainsi que leurs intersections positives, doivent être pris en compte afin d’aborder de façon efficace la sexualité dans les interventions de SDSR. Chacun de ces trois éléments peut prendre le dessus, du moment qu’ils sont tous abordés. Chez Love Matters, nous mettons le plaisir sexuel en avant — tout en définissant la santé sexuelle et les droits sexuels comme tout aussi importants ; ils se renforcent mutuellement.
Love Matters propose du contenu relatif à la SDSR sur ses plateformes dans le but d’atteindre les jeunes au sujet de l’amour, de la sexualité et des relations, au moyen d’informations ouvertes, honnêtes, et favorables au plaisir, là où ces informations sont souvent censurées ou taboues. Voici les valeurs et les principes qui sous-tendent le programme Love Matters ainsi que la création de contenu.
La section suivante détaille les types de contenu proposés sur les plateformes Love Matters. Elle offre également des conseils pour sélectionner les sujets que vous souhaitez couvrir dans votre contenu : ainsi, il faut non seulement évaluer votre couverture thématique au regard des recommandations internationales sur l’éducation à la sexualité, mais il est également important d’évaluer des risques de parler de certains sujets dans votre contexte spécifique, tout en « repoussant les limites », le cas échéant.
Love Matters propose deux types principaux de contenu sur ses plateformes : les faits et les récits. Ils sont conçus pour aller de pair, et offrir aux internautes l’occasion de découvrir des choses au sujet de leur corps et de leurs fonctions sexuelles, et des relations saines. Par exemple : si une utilisatrice veut en savoir plus sur les infections sexuellement transmissibles (IST), elle peut lire un fait pour comprendre le contenu en matière d’éducation à la sexualité, découvrir les expériences vécues par d’autres personnes dans le contenu des récits, et ainsi de suite.
Les faits — le contenu factuel informatif sur la SSR — sont des informations claires et objectives au sujet de l’amour, du sexe, de la sexualité, des relations et du corps.
FAITS
Source : Guide éditorial de Love Matters
Afin d’assurer un contenu complet, favorable au plaisir et fondé sur des droits et des données probantes, le choix de sujets (factuels) de SDSR que vous souhaitez couvrir sur vos plateformes dépend de votre contexte spécifique ainsi que des buts de votre programme. Des études approfondies ont été menées sur les programmes d’éducation à la sexualité. Il est également fortement recommandé de suivre les recommandations internationales sur les sujets à idéalement inclure dans les programmes d’éducation complète à la sexualité (ECS). Pour trouver des conseils techniques spécifiques, consultez les Principes directeurs internationaux sur l’éducation à la sexualité de l’UNESCO. Il faut absolument vous efforcer de localiser parfaitement toutes les informations factuelles pour l’éducation à la sexualité : ainsi, elles seront mieux comprises par les utilisateurs et utilisatrices et plus pertinentes à leurs yeux.
Les récits peuvent être des opinions, des expériences/histoires personnelles, des témoignages, des articles écrits par des « sexpertes » ou des « sexperts », ou par des responsables des courriers du cœur, des informations insolites du type « le saviez-vous ? », des conseils, etc. Dans les récits, vous pouvez vous amuser un peu plus autour du sujet et du style. Les recommandations de Love Matters varient en fonction des types de récits.
RÉCITS
Source : Guide éditorial de Love Matters
Certains sujets relatifs à la SDSR des jeunes sont jugés acceptables dans un contexte donné. Les environnements restrictifs peuvent donc aussi bénéficier de petits pas en avant avec : plus d’ouverture à la SDSR ; la réduction des tabous ; le fait de donner aux jeunes accès à l’information et à l’éducation en matière de SSR ; la création d’opportunités pour les jeunes de discuter ouvertement de leurs questions et problèmes dans un espace sûr.
Quels sont les sujets qui « repoussent les limites » et qui peuvent être abordés sur votre plateforme par la création de contenu — faits ou récits ? Une évaluation minutieuse des risques est nécessaire pour le savoir, car cela dépend du contexte dans lequel votre programme intervient.
Il est risqué d’aborder certains sujets dans des environnements spécifiques. Les organisations dans tous les pays doivent composer avec cela au quotidien ; une très grande part de leur travail consiste à adapter et à déterminer en permanence ce qu’il est envisageable ou non de partager, de promouvoir, ou de publier.
Les créateurs et les créatrices de contenu doivent constamment adapter leur manière de discuter de sujets controversés ou délicats avec leur public en ligne. Ils et elles s’efforcent de trouver le juste équilibre : il faut savoir ouvrir la discussion sans pour autant créer un sentiment d’exclusion chez certaines personnes. La censure passe également par les fournisseurs d’accès au Web et les géants des médias sociaux : ainsi, Facebook et Instagram ont le pouvoir de contrôler quelles informations peuvent être partagées et diffusées plus largement.
Comment les créateurs et les créatrices de contenu Love Matters gèrent-ils les sujets tabous ou controversés ? Comment composent-ils avec la censure (des médias sociaux) et comment parviennent-ils malgré tout à couvrir les sujets vraiment importants pour leurs utilisateurs et utilisatrices ?
ÉVALUER VOS RISQUES
RESPECT DE LA VIE PRIVÉE ET SÉCURITÉ
FORMATS DE CONTENU
LANGUE ET LANGAGE
SUJETS DÉLICATS DE SDSR | STRATÉGIES POUR ÉVITER LE REJET DES PUBLICITÉS |
Relations sexuelles | Utilisez une terminologie plus conservatrice. Suivez l’exemple de Love Matters Arabic, comme Elhosseiny l’explique : « Tout ce qui est de nature sexuelle sera sans doute refusé. […] Parfois, nous jouons avec les mots. Au lieu de dire relation sexuelle, par exemple, nous disons relation maritale ou relation intime. » (Facebook and SRHR censorship, Love Matters) |
Violence de genre (VBG) | Utilisez une langue locale, de l’argot ou du jargon — plutôt que le français pour discuter de sujets plus délicats (plus difficiles à détecter pour la modération humaine et les algorithmes), p. ex. Kiswahili à Love Matters Kenya. Évitez des visuels ou des graphiques qui représentent la violence sous une quelconque forme : le contenu sera rejeté, bien qu’il vise à sensibiliser les gens au problème et, en fin de compte, à éliminer la violence. |
Contenu LGBTQ | Utilisez une langue locale, de l’argot ou du jargon — plutôt que le français pour discuter de sujets plus délicats |
Contenu relatif au vagin (p. ex.,pertes vaginales) | Utilisez une langue locale, de l’argot ou du jargon — plutôt que le français pour discuter de sujets plus délicats P. ex. Love Matters Kenya utilise le Swahili ou de l’argot local pour éviter les termes anglais pour dire « sexe » ou « vagin ». Comme l’explique l’Éditrice médias sociaux Fiona Nzingo, « une personne kényane comprendra, mais un employé de Facebook se demandera ce que ça signifie. Ces mots sont difficiles à repérer et les traductions ne se trouvent pas facilement. » |
Règles | Utilisez une langue locale, de l’argot ou du jargon — plutôt que le français pour discuter de sujets plus délicats |
TIMING DES PUBLICATIONS
Quels espaces utiliserez-vous pour vous connecter avec votre public? Quel type de contenu il apprécie et de quel type de contenu il a besoin? Quel type d’engagement du public espérez-vous?
Différents types de contenu obtiendront différents types d’engagement de la part de votre public et vous donneront différents paramètres de mesures. Certains paramètres de mesures sont plus précieux (ont plus de valeur) que d’autres pour évaluer le succès de votre campagne.
Par exemple: une longue discussion entre les personnes dans la section des commentaires vous donne de meilleures informations qu’un simple « J’aime » sur un post facebook. Une vidéo de 30 minutes que les gens regardent jusqu’à la fin vous donne une meilleure chance de raconter votre histoire qu’un GIF de 3 secondes.
Il existe environ 3 types d’engagement:

Devenir viral est en haut de la liste de souhaits de la plupart des militants. En fait, c’est juste une autre façon de dire que vous voulez que votre public s’engage avec vos publications. La «viralité» n’arrive pas à un très grand nombre de publications et personne ne sait vraiment pourquoi une publication sur Facebook ou YouTube se répand.
Les militants passent du temps à “ rétro-ingérer ” des publications virales et à essayer de comprendre pourquoi cela s’est produit. Et bien qu’il y ait quelques conseils, la vérité est qu’il n’y a pas de «formule magique». Beaucoup de choses qui fonctionnent pour certaines campagnes ne fonctionneront pas pour d’autres et parfois les publications deviennent virales sans beaucoup de planification.
Dans cette section, nous vous présenterons certains conseils que vous pouvez suivre pour augmenter vos chances de viralité. Certaines publications sont plus susceptibles de devenir virales que d’autres, soit parce qu’elles présentent certaines fonctionnalités, soit parce qu’elles fonctionnent bien avec les algorithmes de médias sociaux. Il existe donc des moyens à la fois algorithmiques et organiques à promouvoir. Le mieux qu’un militant puisse faire est d’essayer de pirater l’algorithme en s’assurant qu’il inclut le contenu correct dans son message et qu’il est correctement programmé et exécuté.